Histoires courtes

BUT DE LA VIE

4 Juin 2021 | Histoires | 0 commentaires

J’ai passé tellement de soirées dehors, assis sur ma chaise berçante, à regarder les étoiles et à me demander ce qui pouvait bien se passer là-haut.
J’imaginais différentes espèces vivant sur ces mondes, construisant des villes étranges. J’imaginais certaines d’entre elles voyageant entre les étoiles à bord de vaisseaux incroyables.

J’étais un rêveur, et je me demandais pourquoi j’étais ici. Y a-t-il une raison pour naître sur ce monde dangereux, où je vais vieillir et mourir ?

Suis-je ici en transition entre deux lieux, incapable de me souvenir d’où je viens ni de savoir où je vais ?

Ou bien, suis-je une nouvelle création ?

J’ai lu sur l’hindouisme et la possibilité de la réincarnation.

L’univers est si vaste ! Que sont ces formations que les astrologues ont découvertes si loin que leur lumière a mis des centaines de millions d’années à nous parvenir ?
Ils ont calculé que ces formations étranges faisaient plus de 200 millions d’années-lumière de large et qu’elles ne seraient peut-être que des parties d’éléments encore plus grands.

Des formations composées de milliers de galaxies !

La taille de l’univers est si grande qu’elle dépasse l’imagination ; elle est peut-être infinie.

Alors, quelle est ma signification ? Je ne suis qu’une minuscule unité d’une espèce qui ne s’est même pas encore étendue aux étoiles voisines.

Et si j’étais Dieu ? Ou du moins une infime partie de Lui ?

Et si tous les animaux, les insectes, les plantes étaient aussi une partie de Dieu ? Tous les planètes, les étoiles…

Si je suis Dieu ou une partie de Lui, je pourrais peut-être me connecter à cette partie infiniment plus grande de Moi, et faire en sorte que certains de mes souhaits se réalisent. Peut-être que chacun peut obtenir ce qu’il désire s’il y pense souvent et s’efforce de faire advenir ses souhaits.

Peut-être que je peux faire advenir des miracles.

Quelle est ma mission ici, si j’en ai une ? Que dois-je faire pour que mon existence ait de la valeur ?

J’ai tant de questions.

………………….

Un jour, j’ai entrepris une longue randonnée dans les bois, au nord de Montréal. C’était l’hiver, et je me déplaçais à ski en traçant une nouvelle piste. Je savais que si j’avais un accident, si je me cassais une jambe ou une cheville, je mourrais, car il faisait très froid et personne ne me retrouverait.

Je n’avais pas peur de prendre ce risque ; la récompense, c’était la paix, le silence de la nature sauvage, et ce sentiment que quelque chose d’important pouvait arriver.

Après deux heures de marche, je suis arrivé à une forêt de très grands arbres. Ils étaient énormes, plus grands que tous les arbres que j’avais vus, et il n’y avait rien entre eux : pas de buissons, pas d’herbe, pas de neige — seulement un sol nu, dur et compacté.
J’ai enlevé mes skis et j’ai commencé à marcher dans cette forêt. Elle ressemblait à une cathédrale de piliers gigantesques avec une canopée si haute que je ne pouvais pas voir si elle était composée de feuilles.

Il y avait un silence total, pas de vent, mais je sentais la présence d’esprits puissants. C’était comme si les arbres étaient des êtres conscients qui m’observaient, essayant de communiquer avec moi.

Là, j’ai su que j’allais enfin trouver les réponses à toutes mes questions. Je n’avais qu’à écouter les arbres, peut-être que je pourrais finir par leur parler. Il me suffisait de poser les bonnes questions.

Mais aussi fort que j’essayais, je ne trouvais pas ces questions.

J’ai perdu la notion de ce que j’y faisais ; je ne me souvenais de rien. J’étais perdu, je marchais sans but, incapable de me rappeler à quoi je pensais pendant que je marchais. Puis j’ai retrouvé mes skis. Ils étaient exactement là où je les avais laissés.

Une heure s’était écoulée depuis que j’étais entré dans cette forêt d’arbres géants. Je n’avais aucune envie d’y retourner, alors j’ai remis mes skis et je suis retourné au monastère bénédictin où j’avais stationné ma voiture.

Étrange, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est vraiment arrivé ou ai-je rêvé ? C’était il y a plus de 50 ans, alors je n’en suis plus sûr. C’était probablement juste un rêve !

Mais lorsque je peins, j’essaie de me connecter à cette partie plus grande de moi, si elle existe, et je demande de l’aide pour produire une œuvre exceptionnelle. Je ne sais pas à quoi je me branche, mais je sens que mon cerveau est lentement amplifié et que je reçois une nouvelle énergie ; quand je sens cela, je lâche prise ; je commence à peindre sans réfléchir, de façon spontanée.

Le résultat est souvent surprenant. Je regarde certaines de mes toiles avec émerveillement, sans croire que c’est moi qui les ai faites ; sans me souvenir de comment je les ai réalisées ; je les regarde avec la conviction que je n’avais pas le talent nécessaire pour les peindre.
Je remercie celui ou celle, de ce monde supérieur, qui m’a aidé, me demandant s’il s’agissait d’un ange, d’un ami décédé… ou peut-être de Dieu ?